Les priorités en cas de Burnout: retrouver un niveau d’énergie suffisant
- Delphine CHIRAC
- 25 oct. 2021
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 déc. 2021
N’oubliez pas que les personnes qui souffrent de ce syndrome d’épuisement sont aussi celles qui possèdent une nature active, perfectionniste et battante. De fait dès lors qu’un regain d’énergie se fait sentir, la personne va se remettre en action sans forcément avoir conscience qu’elle va retomber dans son schéma d’épuisement. Or, en agissant ainsi, elle ne se donne aucune chance de se rétablir.
Mon premier conseil est donc le REPOS ABSOLU jusqu’à ce que vous ayez atteint un niveau d’énergie hautement acceptable. Par la suite, il vous sera utile d’apprendre à doser ce niveau d’énergie dans votre quotidien. Nous verrons cela avec la théorie des petites cuillères.
Pour se reposer, pensez aux siestes. Le concept de sieste est une vraie coutume dans certains pays comme l’Espagne mais sachez que certaines études en revendique les vertus. Je pense notamment à un article en droit juridique et du travail (https://www.droit-travail-france.fr/la-sieste-au-travail----des-vertus-inattendues_ad1107.html )qui évoque ceci : une sieste de 20 min prise 6 h après le réveil pourrait améliorer la productivité d'un salarié d'environ 40% ! S'accorder ces 20 minutes permettrait aux 80% des actifs ressentant la fatigue de temps à autre au travail de se réinvestir pleinement au travail après le repos. Cela marche aussi pour une femme au foyer ou un enfant/adolescent en situation d’épuisement.
Ensuite, comme je vous l’expliquais dans mon précédant article sur le SE, choisir de lâcher certaines tâches peut s’avérer être une ressource de grande utilité. Pourquoi ? Car vous le savez maintenant (et si vous n’en êtes pas encore convaincu, interroger votre entourage), vous avez tendance à en faire trop, sans écouter les premiers signes de fatigue. Le lâcher prise fait peur et je comprends que changer vos habitudes puisse être difficile mais je peux vous garantir que vous en tirerez des bénéfices incroyables. Apprenez à découvrir ce qui est juste et bon pour vous.
MEMO
Ø Pour un premier pas vers la guérison, apprenez à voir les choses différemment et à modifier vos habitudes de vie Ø Passez par la case du REPOS ABSOLU Ø N’oubliez pas de faire des siestes Ø Lâchez prise passe par le fait d’abandonner certaines valeurs, habitudes et convictions : trouvez ce qui est juste et bon pour vous
Parlons un peu de votre énergie maintenant : avez-vous déjà entendu parler de la théorie des petites cuillères ? Elle a été inventée par Christine Miserandino, une américaine atteinte du Lupus (maladie auto-immune qui provoque une fatigue importante due au fait que les cellules de l’organisme se retrouvent détruites par le système immunitaire). Un jour pour faire comprendre sa maladie à l’une de ses amies, elle a pris un stock de petites cuillères et lui a expliqué ceci :
« Imaginons que toutes les personnes en bonne santé disposent d’un stock de 50 petites cuillères à leur réveil, chaque action que ces personnes vont entreprendre vont leur coûter une ou plusieurs cuillères en fonction de leur intensité. Ainsi, en fin de journée, il ne leur restera plus que quelques petites cuillères et fatiguées, elles iront se reposer. Le lendemain, leur stock est de nouveau à 50 petites cuillères. Bien sûr, les jours où elles se réveillent plus fatiguées qu’habituellement, ce stock est légèrement inférieur mais il reste tout de même conséquent. Or, lorsque vous souffrez d’un Lupus ou d’un SE, vous ne savez pas combien de petites cuillères vous allez avoir à votre réveil. Quoiqu’il en soit si vous en avez, elles se comptent sur les doigts d’une main. Vous êtes en quelque sorte dans un mode de survie. Il vous faudra alors réfléchir à comment les utiliser ».
En conclusion, lorsque vous n’avez que très peu d’énergie, plutôt que de regarder du côté de votre frustration, penchez-vous sur la question fondamentale suivante : comment puis-je optimiser le peu de cuillères que j’ai à ma disposition afin de ne pas m’épuiser d’avantage et de conserver un degré minimal d’énergie ? Au début, il vous faudra prioriser et faire des choix mais vous allez rapidement vous apercevoir que cela vous sera utile par la suite pour recouvrir en énergie. En conséquence, vous allez pouvoir vous investir dans de plus en plus d’activités sans vous laisser déborder comme auparavant.
N’oubliez pas non plus que ce travail ne peut se réaliser sans un remaniement de vos pensées négatives. Ces dernières constituent un frein majeur à votre progression. Elles reposent sur des croyances que vous avez sur vous et sur le monde. Elles sont donc à travailler en thérapie pour vous permettre d’avancer.
MEMO
Ø La théorie des petites cuillères, un outil précieux pour les personnes en situation de Burnout Ø Plus le temps passera et plus vous allez retrouver un stock d’énergie Ø Gérez votre stock d’énergie, ne le videz pas d’un coup Ø Expliquez ce que vous vivez à votre entourage à l’aide de cette métaphore Ø Attention aux fluctuations d’énergie : on sait qu’en fonction des saisons ou des périodes de vacances, notre énergie peut varier considérablement. Soyez vigilant par rapport à cela.
Se faire aider
Avez-vous remarqué que chaque étape que vous franchissez dans votre vie s’effectue et s’apprend avec l’aide d’un tiers ? Le bébé apprend par imitation de ses parents dès ses premiers balbutiements, le petit enfant apprend la sociabilité à l’école maternelle et commence à découvrir les lettres, les chiffres ainsi que les repères spatio-temporels, etc.
Alors pourquoi lorsqu’on souffre et qu’on se retrouve dans le noir, sans issue, n’irait-on pas chercher une personne dont l’expérience et les compétences permettent de trouver un brin de lumière et la porte de sortie à notre mal-être ?
Sans compter sur le fait qu’une personne en Burnout à tendance à s’isoler, ruminer et se poser de nombreuses questions.
Je vous encourage donc à voir un thérapeute, à échanger avec votre entourage et toute personne qui aurait vécu une situation semblable à la vôtre.
J’ai conscience que consulter un thérapeute représente un coût mais, dans la mesure de vos possibilités, s’il y a bien un conseil que je peux vous donner, c’est d’investir en ce sens car le thérapeute vous fera efficacement et indéniablement avancer vers le chemin de la guérison. De plus, il vous permettre d’éviter le risque de rechute.
Je pense également au fait qu’en objectivant auprès de votre thérapeute votre situation actuelle, vous aurez, en votre possession, des arguments auprès de votre caisse d’assurance maladie, de votre employeur ou de votre assurance, en cas de contrôle. Il existe de nombreux tests pour faire un état des lieux de votre situation. Bien évidemment, ils doivent être validés par un psychothérapeute ou un psychiatre. Ils constituent une preuve objective de ce que vous traversez et ils vous permettront également de suivre votre évolution.
Enfin, si vous en ressentez le besoin car vous avez encore un doute sur votre situation, n’hésitez pas à vous appuyer sur votre médecin traitant qui effectuera le bilan de santé nécessaire et accueillera avec bienveillance votre problématique actuelle.
Gardez cependant à l’esprit que seul un psychothérapeute ou un psychiatre pourront vous accompagner pour les ruminations et les questions qui vous habitent en ce moment.
Pour choisir votre thérapeute, je vous recommande avant tout de faire confiance à votre ressenti : vous allez aborder des sujets intimes, vous devez donc vous sentir à l’aise et en confiance avec lui.
Que peut vous apporter un psychothérapeute ? Il peut vous aider à y voir plus clair, à vous réconcilier avec votre corps, à réduire considérablement le risque de rechute et à mettre en place les changements qui vous correspondent (votre prise de conscience, vos souhaits, ce sur quoi vous voulez lâcher et changer, la manière dont vous communiquez tout cela auprès de votre entourage et la façon de surmonter vos réticences ainsi que celles des autres).
Partager ? Oui, avec les groupes de parole !
Ils permettent de rompre avec l’isolement, de briser les non-dits et de partager ses émotions (voir le prochain article). Les expériences de chacun vous permettront de vous situer et de voir le chemin que vous avez parcouru et les espoirs que vous pouvez avoir pour votre avenir. Une évolution est possible et ce groupe vous permettra d’en faire l’expérience. L’important est d’oser parler de ce que vous traversez car il s’agit ni plus ni moins que d’une expérience de vie à partir de laquelle, je vous le garantis, vous allez vous reconstruire pour des jours meilleurs.
MEMO
Ø Ne restez pas seul Ø Votre médecin traitant est l’un des acteurs majeurs de votre processus de guérison Ø Parler avec d’autres personnes, dans la même situation, peut vous apporter du soulagement Ø Respecter chaque étape et donnez-vous du temps
Le Burnout se soigne-t-il avec des médicaments ? Pour cette question, je vous invite à parler avec votre médecin traitant ou votre psychiatre car eux seuls sont habilités à évaluer en fonction des symptômes que vous présentez, de leur gravité et de leurs retentissements s’il est nécessaire ou non d’introduire quelque médicament que ce soit. Dans tous les cas, tout problème lié à l’humeur, au sommeil ou à une fatigue intense doit être évoqué auprès de ces spécialistes médicaux.

Commentaires