Le syndrome de l’épuisement ou Burnout (« s’éteindre » en langue anglaise)
- Delphine CHIRAC
- 25 oct. 2021
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 déc. 2021
Le syndrome d’épuisement (SE) est caractérisé par un effondrement physique et psychique. Pour faire un parallèle, tout se passe comme si la personne vivait un incendie dans son corps et dans son esprit. Il existe des symptômes annonciateurs de sa survenue et être à leur écoute est un premier pas sur le chemin du rétablissement. Ici, nous allons apprendre à les repérer : les tensions corporelles, les émotions désagréables et les sentiments conflictuels sont autant de signes avant-coureurs d’un tel épisode. Nous allons aussi prendre le temps de décider de ce que l’on veut vraiment pour soi.
Les personnes qui souffrent d’épuisement peuvent se retrouver confronter à une autre difficulté : le regard des autres et/ou leur propre regard. En effet, il n’est pas rare de se percevoir comme « fragile » lorsqu’on traverse un tel tsunami. Vous allez peut être me dire qu’on joue sur les mots mais selon moi il ne s’agit pas de fragilité mais de sensibilité. Et la bonne nouvelle est que cette dernière peut s’avérer être une force qui va désormais vous empêcher de dépasser vos limites.
Sachez que le SE est comme une crise de vie et que celle-ci va vous permettre de faire des choix (« crisis » en grec). Cette phase va vous apprendre à apprivoiser vos besoins de paix, de détente et d’amour car ils sont essentiels !
Sans oublier qu’il faut du temps pour que vos réserves d’énergie se reconstituent, pour que de nouveaux désirs ressurgissent et pour que de nouveaux projets se dessinent à l’horizon.
Il sera peut-être aussi nécessaire de modifier votre façon de vivre, à la fois pour vous préserver mais également pour préserver votre entourage.
Parmi les stratégies qui ont prouvées leur efficacité, sachez que le fait de se rapprocher d’autres personnes qui ont vécu une expérience similaire aide à se sentir moins seul face à une telle épreuve. Votre entourage joue aussi un rôle fondamental dans votre rétablissement car dans ce type de contexte, on peut avoir tendance à s’isoler. Toutefois, n’oublions pas que l’entourage a lui-même besoin de se protéger tant l’épuisement peut être contagieux.
« Restez bienveillant avec vous-même : vous étiez, vous êtes et vous resterez quelqu’un de formidable »
Encore un doute ? Deux des caractéristiques principales des personnes souffrant du SE est que vous ne pouvez plus fonctionner comme auparavant et que vous ressentez une très grande fatigue (en ayant écarté toute autre pathologie médicale). Votre corps envoie alors un signal d’alarme et vous dit « stop, ça suffit », peu importe ce que votre tête en pense.
A FAIRE SANS TARDER !!
Tout d’abord, il faut consulter votre médecin traitant en première intention et lui parler de votre épuisement. S’il vous connait depuis longtemps, c’est un plus. Dans le cas contraire, je vous invite à consulter un médecin dont la spécialité porte sur le SE car il peut recouvrir plusieurs facettes et être délicat à repérer.
Pourquoi évoquer cela auprès d’un médecin ? Pour deux raisons : la première est qu’il est absolument nécessaire d’écarter un trouble physique ou des effets dus à un médicament ou une substance, la deuxième est qu’il sera à-même d’accueillir vos symptômes avec bienveillance et empathie. Il est aussi celui qui sera en mesure de signer votre arrêt maladie, de le prolonger si besoin et de juger lorsque vous serez apte ou non à reprendre votre travail.
Ensuite, je vous conseille de faire appel à un thérapeute pour parler de ce qui vous arrive et de travailler sur les changements à mettre en œuvre pour éviter de vous épuiser de nouveau.
Cependant, assurez-vous d’être convaincu par cette démarche car :
« Il y a des mots qui ne résonnent que lorsque nous sommes prêts à les entendre », Anne Everard
Enfin, je vous invite à TOUT ARRETER et A VOUS REPOSER ! Cela parait évident à première vue mais lorsqu’on sait que les personnes qui souffrent du SE sont aussi celles qui sont plutôt de nature battante, active voire hyperactive, idéaliste et perfectionniste, on comprend mieux pourquoi la tâche peut s’avérer plus complexe qu’il n’y parait. Ainsi l’idée même de s’arrêter est contre nature. N’oubliez pas que ne pas en arriver là, il est important de s’écouter avant tout.
Rappelez-vous aussi que vous serez tenté, avec le peu d’énergie qu’il vous reste, de recommencer à vous agiter. Alors, permettez-vous d’insister : ARRETEZ-VOUS COMPLETEMENT, faites une pause aussi longue que nécessaire. Prenez-le comme votre parenthèse inattendue.
MEMO
Ø Faire un SE revient à se consumer de l’intérieur Ø Le SE peut prendre différentes formes ainsi si votre médecin traitant ne vous connait pas depuis longtemps, envisagez plutôt de consulter un médecin dont le SE sera la spécialité Ø Le point commun à tous ceux qui souffrent d’un SE : une immense fatigue physique, émotionnelle et mentale Ø A faire au plus vite : un check-up médical et se reposer !
Vous souhaitez prendre RDV, c’est par ci =>
LES CAUSES DU SE :
Je ne vais sans doute pas vous surprendre en vous disant que les causes du SE sont multifactorielles : on n’est pas toujours en Burnout à cause du travail ; un enfant (agenda de ministre, subissant des pressions car on veut qu’ils aient un bel avenir par exemple), un adolescent ou encore une mère au foyer peuvent traverser un tel épisode. Nos ainés semblent épargnés car ils sont peut-être moins connectés et ne se laisse pas autant mettre la pression.
Ainsi vous l’aurez compris, les causes du SE peuvent aussi bien être professionnelles (harcèlement moral, télétravail, être tout le temps connecté à son travail via le téléphone portable et toutes les applications qu’il recèle, la surproductivité etc.), que privées (par exemple dans le cas de : rupture/divorce, devenir « aidant » j’entends par là accompagner une personne en situation de handicap physique comme psychique) et/ou individuelles (dépendant de notre histoire personnelle et de notre personnalité).
Et si nous parlions un peu de valeurs ? Oui car nos valeurs guident nos choix, nos comportements et entrainent de fait des conséquences. Or, il est des valeurs qui nous sont transmises dès notre plus jeune âge et qui ne résonnent pas tant comme vraies pour nous mais plus comme une injonction. Ne vous êtes-vous pas déjà surpris à penser ainsi : « je dois être une fille/un fils/un parent/un adulte parfait ? » ou encore « je dois être un adulte responsable », « je n’ai pas le droit de m’arrêter », « je veux avoir des amis, faire du sport et un régime », etc. Ces valeurs nous sont tout autant transmises par nos parents, qu’elles nous ont parfois été apprises à l’école, ou plus tard par la Société (travail, médias, etc.) dans un champ plus large. Nous pouvons ainsi avoir l’idée que nous devons réussir aussi bien notre vie professionnelle, familiale, individuelle et amoureuse sans se donner le droit à la moindre expérience négative.
Nous ne sommes pas obligés de suivre toutes ces croyances mais elles peuvent nous influencer. Certaines d’entre elles sont motivantes et positives mais à force de se répéter « je dois, il faut, je veux », on oublie parfois de s’écouter et de se reposer. Par conséquent, il est utile de lâcher certaines choses.
Voici un exemple de valeurs que vous pourriez inclure dans votre vie ou auprès des gens qui vous sont chers : « tu as bien travaillé », « repose-toi maintenant », « fais-toi plaisir », « prends du temps pour toi », « tu peux dire non pour telle occasion ou telle proposition ou telle demande »
Les causes sociétales quant à elles correspondent à un malaise dû à l’excès, au stress, à la perte de sens, au diktat de la rentabilité, à la difficulté de porter des valeurs humanistes dans un système technocratique.
Une personne qui traverse un SE ressent ce qu’elle fait comme n’étant plus juste. D’où l’intérêt d’identifier ce qui ne va plus dans sa vie afin d’y remédier.
Comme nous l’avons vu précédemment, le SE est lié à un dysfonctionnement au niveau professionnel et/ou familial et/ou individuel et/ou privé. D’après vous, quel(s) est (sont) les niveaux qui vous font défaut ?
Vous pouvez laisser un témoignage, ou commentaire ici.
Vous avez une question, c’est par ici.
Dites-vous qu’une fois que le système a été identifié, vous allez pouvoir, avec l’aide de votre thérapeute, opérer les changements nécessaires.
MEMO
Ø Pour rebondir, comprendre l’origine de son épuisement est l’une des premières étapes Ø Les causes du SE sont multifactorielles Ø Plus on vous en demande, plus vous allez en faire Ø Une goutte peut faire déborder le vase Ø Ne pas oublier l’impact de votre histoire personnelle et de votre personnalité dans l’apparition d’un Burnout
« La vraie liberté ?
C’est d’avoir le droit de se tromper.
Tu as le droit de te tromper.
Tu as le droit de faire une erreur.
Tu as le droit de merder. » J. Brel
POURQUOI MOI ?
Vous pouvez effectivement être amené à vous comparer aux autres et vous dire « D’accord mais Xavier, mon collègue courre partout et a tout autant de pression que moi, et pourtant il ne s’écroule pas ? ». Heureusement, aucun individu ne se ressemble : Xavier n’a pas la même personnalité que vous, ni la même histoire que vous. Il n’est donc pas sensible comme vous à ce sujet-là mais il peut l’être pour d’autres.
Un petit détour par l’explication des mécanismes du stress s’impose : en effet le stress peut être positif mais il peut devenir négatif. Lorsque nous sommes confrontés à un stress ponctuel, notre cerveau envoie des informations aux glandes surrénales qui vont sécréter de l’adrénaline et du cortisol pour apporter de l’énergie à nos principaux organes. Ceci est alors considéré comme une réaction positive de notre organisme car elle est nécessaire à notre survie et à notre fonctionnement. Généralement, juste après cette phase survient celle de repos où on se détend et on récupère. Mais ça c’est ce qu’il se passe en principe. Il arrive cependant que l’organisme ait à peine eu le temps de réagir qu’un autre épisode de stress survient et ainsi de suite. Il n’y a donc pas de phase de détente et le corps va alors s’emballer et sécréter trop d’adrénaline et de cortisol ayant alors un impact sur le fonctionnement du système cardio-vasculaire et du cerveau.
J’insiste donc sur un point important : restez à l’écoute de ces signaux qui vous indiquent que vous êtes en train de vous épuiser car si vous attendez le point de rupture votre convalescence risque d’être très longue. Vous avez pour seule et unique mission de vous arrêter à temps.
Si vous n’êtes pas au bord du burn-out mais que vous ressentez quelques difficultés, il peut être utile d’en parler avec votre thérapeute. Il vous aidera à prendre le temps de faire une pause pour être à l’écoute de ce qui se passe, être attentif à ce que votre corps essaie de vous communiquer. Ralentir un peu, s’interroger sur ce que l’on fait pour soi, pour se faire plaisir et se ressourcer et se demander si on n’en fait pas un peu trop peut s’avérer d’une grande utilité.
MEMO
Ø Les personnes sujettes au SE sont généralement perfectionnistes, surinvesties et passent outre leur fatigue. Ø Le SE est souvent mal reconnu par la médecine et la psychiatrie. Ø Toutes les catégories socio-professionnelles et les classes d’âges peut être concernées par le SE. Ø Ce syndrome est souvent plus long chez la femme. Ø Pourquoi vous ? Parce que nous n’avons pas tous les mêmes résistances, ni la même histoire, ni la même personnalité. De plus certaines personnes écoutent mieux les systèmes d’alarme que d’autres.
Le Burnout est le trouble du « trop », Pascal Chabot
LES SIGNES DU SE
Le SE est caractérisé par :
- Une fatigue physique importante et des maux physiques
- Une fatigue émotionnelle (abattement, crise de larmes, ou inversement absence totale d’émotion)
- Une fatigue mentale : on perd généralement la plus grande partie de ses moyens intellectuels et de sa mémoire.
ð Même si vous vous sentez amoindris, ayez à l’esprit que cela est temporaire. Au fil de votre rétablissement, vous allez récupérer physiquement, mentalement et émotionnellement.
MEMO
Ø Les signes annonciateurs sont multiples et dépendent de chacun. Celui qui a un SE ne les a pas écoutés.
Ø L’épuisement physique terrasse les personnes avec un SE
Ø Il existe en plus de la fatigue physiques, des maux physiques et une fatigue émotionnelle et mentale
Ø Les douleurs passeront avec le temps.
Ø Accepter cette période de fragilité vous aidera à remonter la pente. En effet, plus vous allez vous pressez, plus votre SE risque de durer longtemps. C’est dans l’acceptation de cette période vulnérable (cela peut prendre du temps), de vos besoins alliés à vos forces et qualités d’action que vous allez trouver la solution et le chemin du rétablissement.
Ø Limitez au maximum les activités que vous vous sentez obligés de faire et si vous avez la force d’entreprendre quelque chose faites en sorte que ce soit léger et que cela vous procure du plaisir et de l’énergie.

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